Carmen vit chichement, mais en paix, sur le lopin que son mari a payé de sa vie en militant dans un mouvement de paysans sans-terres. Juan, tout chamane qu’il soit, est affligé d’une hernie que ses incantations ne peuvent soigner, et tombe sous la coupe de charlatans qui lui refourguent des compléments nutritionnels en guise de médicament. Voici la "jungle moderne" qui apparaît sous nos yeux incrédules. Car en payant leurs protagonistes parce qu’ils "travaillent" pour leur film, et en ne cachant rien de cette relation en partie vénale, Fairbanks et Kak parviennent à congédier d’un seul geste de cinéma le mythe, cher à une certaine ethnologie occidentalocentrée, de l’indigène "pur" désormais placé sous l’emprise définitive de l’acculturation capitaliste occidentale.