Sorti du Conservatoire 1881 avec un premier prix de tragédie, Philippe Garnier débuta à la Comédie Française dans Néron de Britannicus passa bientôt chez Sarah Bernhardt (Theodora, Marion Delorme, Hamlet), suivit la diva dans des tournées en Amérique, vint jouer Monte-Cristo à la Porte Saint-Martin et entra à l'Odéon. Il avait toujours fière allure en péplum ou pourpoint ; son talent déclamatoire y était apprécié, encore que Garnier souffrît d'une demi-surdité, à en croire le témoignage de Saturnin Fabre, son partenaire en 1907- 1908 dans Le Vray Mystère de la Passion. Au Second Théâtre-Français, alors dirigé par Antoine, Philippe Garnier passait pour un tragédien éminent. En 1909 cette réputation lui donna accès au Film d'Art où se cultivait depuis un an le genre noble. André Calmettes fit de lui l'un des piliers de la firme, mais il lui arriva ensuite de tourner pour d'autres, la SCAGL en particulier. Dans Les Trois mousquetaires de Calmettes, Garnier fut un Richelieu de belle prestance, puis dans Quatre-vingt- treize un impressionnant marquis de Lantenac à l'autorité sèche et racée. Antoine l'utilisa encore en vieux maquisard barbu dans Les Frères corses, puis dans Les Travailleurs de la mer. Le dernier rôle de Philippe Garnier dans le cinéma muet fut celui de « l'illustre Delobelle » dans la version de Frornont jeune et Risler aîné que réalisa Henry Krauss en 1921 : un personnage de cabot sur le déclin qui lui permit de s’auto-caricaturer. Il avait été en outre l’auteur de plusieurs scénorios.